Présentation

Dix-huit siècles nous séparent de l'époque faste d'Aventicum, capitale de l'Helvétie romaine qui comptait alors plus de 20'000 habitants dans ses mur, avant que cette brillante cité ne subisse l'assaut des Allamans et d'autres Barbares au IIIe siècle ; rien ne semble dès lors empêcher son déclin, anticipant la chute de Rome en l'an 476. A la fin du VIe siècle, l’évêque Marius d'Avenches transfère le siège épiscopal de l'ancienne capitale helvète vers la colline de la Cité à Lausanne, endroit jugé plus sûr.

Si la quasi totalité des élèves de Suisse romande a passé par l'amphithéâtre, la porte de l'Est ou le cigognier lors d'une course d'école, rares sont nos concitoyens à savoir qu' Avenches fut une petite ville d'une étonnante prospérité sous le régime bernois et au XIXe siècle, alors qu'elle comptait moins de mille habitants.

De nos jours, Avenches vit un remarquable décollage économique avec plus de 3'200 habitants. Or dans ce temps de mutations, l'année 2011 restera dans les mémoires comme l'année de la grande fête de l'Ascension que l'Abbaye des Bourgeois d'Avenches a organisé pour son 400ème anniversaire.

L'Abbaye des Bourgeois d'Avenches, forte aujourd’hui de près de 200 membres est l'une des anciennes sociétés de tir du Canton de Vaud. Comme son nom l'indique, elle se compose de représentants des anciennes familles locales, dont plusieurs remontent au Moyen Age, rejointes dès 1950 par quelques familles nouvellement admises au droit de cité et qui marquent un intérêt pour cette vénérable confrérie.

En plus de cultiver l'exercice du tir à l'arme de guerre, vocation numéro un depuis les origines, cette société cultive le plaisir de se retrouver en famille et entre amis. Depuis une trentaine d'années, l'Abbaye emploie une partie de ses ressources à diverses actions de mécénat dans la ville d'Avenches.

Dans leur laborieux chemin vers la démocratie, les diverses constitutions vaudoises du XIXe s. ont peu à peu vidé les bourgeoisies de leur substance, contrairement à ce qui s'est passé dans les cantons de Fribourg, de Berne ou du Valais, où des institutions bourgeoisiales solides ont été maintenues. Il est d'ailleurs intéressant de relever que c'est dans des communes vaudoises plutôt proches de ces trois cantons voisins que des organisations de bourgeois (abbaye, milice, régie) ont survécu, soit dans le Chablais vaudois, autour de Vevey et dans la Broye.

Même si l'influence des bourgeoisies n'est plus aussi considérable qu'autrefois dans nos communes, les abbayes de bourgeois font partie de l'histoire de notre Canton et elles apportent encore et toujours leur contribution au pays. A leur manière, elles cultivent dans les familles le souci du bien commun.

L'Abbaye qui se constitue en 1611 est dès le départ intimement liée à la ville. Les responsables de ces deux institutions sont souvent les mêmes personnes. Il n'est donc pas étonnant que symboles et intérêts se rejoignent : ainsi l'emblème du Maure, hérité de l'immense popularité de saint Maurice au Moyen Age, est-il un symbole que partagent conjointement l'Abbaye, sur son drapeau ou dans ses cortèges, et la commune politique, dans ses armoiries.

A l'occasion de son 400ème anniversaire, l'Abbaye a publié un livre : « Avenches Société et familles bourgeoises dès 1611 », STBA 2011, par Gilbert Marion. A côté de l'histoire de l’Abbaye, ce livre rappelle la mémoire des familles qui ont fait l'histoire d'Avenches durant ces quatre derniers siècles. Et il n'évoque pas seulement la trace des bourgeois mais aussi celle de bon nombre d'habitants, de nouveaux-venus ou d'hôtes de passage. A quoi s'ajoutent des pages sur le fonctionnement des institutions municipales sous le régime des baillis bernois et dans le jeune Canton de Vaud, le tout remis dans le contexte de la « grande histoire » : troubles liés à l’assassinat d'Henri IV en 1610, Guerre de Trente Ans en Franche-Comté, persécution des huguenots en France, Guerres de religion en Suisse, service mercenaire, introduction de nouvelles cultures dans la Broye, élevage des chevaux, indépendance vaudoise, contrebande sur les trois lacs, brigues électorales, apparition du chemin de fer et de l’électricité, mise en valeur du patrimoine archéologique, immigration suisse-alémanique, industrialisation, autoroute N1, développement des loisirs, etc.

Le livre de Marion s’inscrit dans le sillage des deux remarquables volumes du prof. Marcel Grandjean : « Avenches La ville médiévale et moderne. Urbanisme, Arts et Monuments » Doc MRA14 2007. Il faut rendre hommage à cette somme qui a sorti Avenches de son omniprésent centre d'intérêt qui constitue son passé romain. En mettant en valeur le riche patrimoine urbanistique médiéval et moderne de la petite ville, M. Grandjean a donné aux Avenchois et aux touristes de passage l'envie de flâner dans les rues et d'admirer les maisons avec un regard plus enrichissant que d'ordinaire. Après ces deux livres consacrés aux bâtiments, à leurs propriétaires ou maîtres d’œuvre et aux artisans, l'ouvrage de Marion se penche sur les familles qui y ont vécu ainsi que sur les diverses institutions et activités que la ville a abritées.

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